nis créature et créateur : en l’homme, il y a la matière, le fragment, l’exubérance, le limon, la boue, la folie, le chaos ; mais en l’homme il y a aussi le créateur, le sculpteur, la dureté du marteau, la contemplation divine du septième jour. Comprenez-vous cette antithèse ? Comprenez-vous que votre compassion va à la « créature en l’homme », à ce qui doit être formé, brisé, forgé, déchiré, rougi à blanc, épuré ? — à ce qui souffrira nécessairement, à ce qui doit souffrir ? Et notre pitié — ne comprenez-vous pas à qui s’adresse notre pitié contraire, quand elle se tourne contre la vôtre, comme contre le pire des amollissements, la plus funeste des faiblesses ? — Donc compassion contre compassion ! Mais, je le répète, il y a des problèmes plus hauts que tous ces problèmes du plaisir, de la douleur et de la pitié ; et toute philosophie qui borne là son domaine est une naïveté.
Nous autres immoralistes ! — Ce monde, qui nous concerne, au milieu duquel nous avons à craindre et à aimer, ce monde presque imperceptible et invisible, ce monde du commandement délicat, de l’obéissance délicate, un monde d’« à peu près » à tous les points de vue : scabreux, captieux, pointilleux, douillet, oui, ce monde est bien défendu contre les spectateurs grossiers et la curiosité familière ! Des liens solides nous tiennent garrottés, nous