Page:Nietzsche - Par delà le bien et le mal.djvu/315

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
315
QU’EST-CE QUI EST NOBLE ?

il peut y avoir une manière sublime de laisser descendre sur soi les bienfaits d’en haut et de les boire avidement comme des gouttes de rosée, mais une âme noble n’est pas née pour cet art et pour cette attitude. Son égoïsme ici fait obstacle : elle ne regarde pas volontiers « en haut », mais plutôt devant elle, lentement et en ligne droite, ou vers en bas : — elle sait qu’elle est sur la hauteur.

266.

« On ne peut estimer véritablement que celui qui ne se cherche pas soi-même ». — Gœthe au conseiller Schlosser.

267.

Il y a chez les chinois un proverbe que les mères apprennent déjà à leurs enfants : Siao-sin — « Rends ton cœur petit ! » Voilà le penchant véritable des civilisations avancées. Je suis certain qu’un grec de la Grèce antique trouverait avant tout, chez nous autres Européens, la tendance au rapetissement de soi, — et, par cela seul, nous ne serions pas « selon son goût ».

268.

Qu’appelle-t-on commun, en fin de compte ? — Les mots sont des signes verbaux pour désigner des idées ; les idées, elles, sont des signes imaginatifs,