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ner suivit la trace de tout ceci à travers les siècles, et le résultat de ses études fut une explosion de rage et de dégoût ; il était devenu révolutionnaire par pitié pour le peuple. À partir de ce moment il l’aima, il se sentit attiré vers lui autant que vers son art ; car, hélas, en lui seul, en ce peuple disparu, si difficile à se représenter, mis à l’écart si artificiellement, il voyait dorénavant le spectateur, l’auditeur seul digne, seul à la hauteur du puissant chef-d’œuvre qu’il rêvait. Ses réflexions se concentrèrent donc toutes vers la question : Comment le peuple prend-il naissance ? Comment renaît-il ?

Et il ne trouvait toujours qu’une seule réponse : si une collectivité souffrait du même mal dont je souffre, se disait-il, c’est elle qui serait le peuple. Et là où une souffrance semblable produirait une aspiration et des désirs semblables, on chercherait à les satisfaire de la même manière