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poésie, qu’image et que sentiment. L’intrépidité avec laquelle Wagner entreprit cette tâche effrayante prouve avec quelle force il était poussé par l’esprit poétique, et comme il était forcé de le suivre quelle que fût la voie que suivît son guide fantastique. Chacune des paroles de ces drames devait pouvoir être chantée et devait effleurer les lèvres des héros et des dieux ; telle était la tâche extraordinaire que Wagner imposait à son imagination linguistique. Tout autre que lui en aurait été découragé, car notre langue semble presque trop vieillie, trop stérile, pour qu’on puisse exiger d’elle ce que Wagner lui demanda ; et cependant, la verge dont il frappa les rochers en fit jaillir une source abondante. Précisément parce que Wagner aimait cette langue plus qu’aucun autre Allemand et exigeait d’elle plus que d’autres, il souffrit aussi davantage de sa