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des lettres et des mots. Pendant des périodes entières de la vie de Wagner retentit sa crainte de ne pouvoir plus rencontrer ces facultés vivantes, de se voir forcément réduit à l’insinuation écrite à défaut de l’exemple qu’il aurait à leur donner, réduit, au lieu de pratiquer lui-même son art devant eux, à n’en montrer qu’une lueur affaiblie à ceux qui lisent des livres, ce qui en somme équivaut à dire : qui ne sont point artistes.

Dans Wagner en sa qualité d’écrivain, on voit la gêne d’un homme courageux auquel on aurait brisé la main droite et qui continue à combattre avec la gauche ; il est toujours en souffrance lorsqu’il écrit, car il est privé, par une nécessité temporairement invincible, de son vrai moyen de communication, l’exemple éclatant et victorieux. Ses écrits n’ont rien de canonique, de sévère ; le canon fut déposé dans les œuvres. Ils sont des ten-