Page:Nietzsche - Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner).djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 21 —

mot de fidélité ? Car sur tout ce qu’il a pensé et composé il a gravé l’image et le problème de la fidélité ; ses œuvres renferment une série presque complète de ses manifestations les plus belles et les plus rares : la fidélité du frère pour la sœur, de l’ami pour l’ami, du serviteur pour son maître ; d’Élisabeth pour Tannhäuser, de Senta pour le Holländer, d’Elsa pour Lohengrin, d’Isolde, de Kurvenal et de Marke pour Tristan, de Brünnhilde pour les vœux les plus secrets de Wotan — et tant d’autres encore. C’est l’expérience la plus primitive, la plus personnelle que Wagner constate en lui-même et qu’il révère comme un saint mystère ; c’est elle qu’il cherche à exprimer par le mot de fidélité ; elle qu’il ne se lasse point de personnifier, de vivifier de mille manières, lui consacrant dans la plénitude de sa reconnaissance ses meilleurs trésors et la plus pure essence de son art ; c’est enfin cette merveilleuse convic-