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fut oppressée par une atmosphère pesante ; il semble qu’il n’espérait plus en général, mais seulement du jour au lendemain ; ce qui fait qu’il ne désespéra pas complètement tout en n’ayant plus la foi en l’avenir. Il dut souvent ressentir ce qu’éprouve un voyageur marchant durant la nuit, brisé de fatigue, courbé sous un lourd fardeau, et néanmoins fiévreusement excité ; l’idée d’une mort subite n’était plus alors à ses yeux une épouvante, mais un fantôme séduisant, désirable. Oh ! voir disparaître à la fois le fardeau, le chemin, et la nuit ! c’était une puissante séduction. Maintes fois il recommença sa vie avec cette espérance au jour le jour, laissant derrière lui tous les fantômes. Mais la manière dont il le faisait dépassait presque toujours les bornes ; preuve que sa foi en cette espérance n’était ni ferme ni profonde, et servait seulement à l’étourdir. La disproportion entre ses aspirations et son im-