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POÉSIES

Torturé par l’insomnie.
Doux songe, sylphe léger,
Près d’elle va voltiger,
Toi que j’aime, sois bénie.

Avec un sourire indulgent
Il faut lui pardonner, car il souffre vraiment ;

Et puis son madrigal, après tout, est charmant.
Le pauvre, il brisera ses ailes à me suivre
Dans mon fier tourbillon. Ce qu’il faudrait pour vivre
Heureux, à cet enfant, c’est une femme sœur
Qui marcherait avec des pas pleins de douceur
Autour de lui, pendant qu’il écrirait, très-bonne ;
C’est une femme enfin dans le genre d’Yvonne,
Ma petite cousine… Hélas ! la pauvre enfant
L’aime, et c’est pour cela qu’elle dit qu’au couvent
Elle veut retourner, qu’elle abhorre le monde,
Le mariage, et tout ; pauvre petite blonde !
Seule, j’ai le secret de son cœur ingénu.
Chère enfant, de l’amour tu n’as jamais connu
Que les pleurs, les tourments, la triste jalousie ;
Tu veux t’ensevelir, vivante poésie,
Tu veux prier pour lui, toujours ; il serait mieux
Encore de l’aimer et de le rendre heureux.
Dieu ne m’en voudrait pas de lui ravir cette âme
Qui ferait une mère adorable, une femme
Consolatrice et douce, ainsi qu’un bel ange. Oui,
Je lui ferai comprendre au poète, aujourd’hui,
Tout de suite pendant que j’en ai le courage,
Qu’il doit m’oublier ; je ferai ce mariage.