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Page:Nina de Villard - Feuillets parisiens, 1885.djvu/96

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POÉSIES

Qu’une épouse étant très repoussante est fidèle…
Je ne soupçonnais pas ce laideron modèle.

Gamme mineure triste
J’ai cru, moi, naïf, qu’elle, horrible affreusement,

Ne tenterait jamais le cœur de nul amant.

Autre gamme
Eh bien ! non, la laideur pour les âmes mal nées,

Ne fait point reculer les amours effrénées :
Elle est partie un jour toutes voiles dehors,
Emportant de chez moi, sans honte, ni remords,
Mes faux-cols en papier, ma chaîne en chrysocale,
Mes deux rasoirs tout neufs, mes chemises percale,
Dévalisant de fond en comble la maison…
Tout ! tout !  ! tout !  !  ! jusqu’à mon pauvre diapason,
Elle a tout mis au clou, tout mis dans mon ménage,
Pour subvenir aux frais de son petit voyage.
Et je suis obligé, maintenant aux abois,
De remplacer l’ancien instrument par ma voix.

Il fait une note cassée et fausse
Cette voix, à présent, comme elle est affaiblie !
Avec un soupir
Ah ! si du moins ma femme avait été jolie !
Il se remet au travail
Au fond, je suis trop bête et j’ai mépris de moi

D’avoir, pour cette horreur absente de l’émoi.
Il frappe à coups redoublés sur le piano