Page:Ninous - L Empoisonneuse.pdf/117

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Sans compter que, toute sa vie, elle avait souffert très dignement pour que rien ne transpirât de ces choses-là.

— Pauvre femme !

Dans une petite ville où la désœuvrance et l’ennui sont partout à l’ordre du jour, où les hommes ont pour toute occupation de se calomnier et les femmes de se déchirer entre elles, où la toilette qu’avait madame X…, le dimanche à la messe d’onze heures et demie, fait faire des commentaires un mois durant, on comprendra aisément quelle révolution dut produire la nouvelle de l’empoisonnement de M. de Sauvetat.

L’instruction était commencée.

Chaque jour, le juge et M. Drieux se rendaient dans la maison de la victime, qu’ils inventoriaient de la cave au grenier.

Il n’y avait pas une chambre qu’on n’ait bouleversée, pas un meuble qui n’ait été fouillé.

— Et le résultat ? demandaient anxieusement les gens à l’affût.

Personne ne savait rien.

M. Drieux se taisait par prudence ; il ne voulait pas que la plus légère indiscrétion compromît une affaire aussi grosse d’espérances pour lui.

M. de Boutin, plus grave et plus sévère que jamais, ne répondait à aucune question de ses amis.

Il s’était absenté quelques jours, pour un très court voyage dont nul n’avait connu le but, et, depuis son retour, il attendait fiévreusement, lui, l’homme calme par excellence, une nouvelle que ni courrier ni dépêche ne lui apportait.

L’impatience et l’émotion augmentaient chaque jour à Roqueberre.