Page:Ninous - L Empoisonneuse.pdf/161

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— C’est vrai. Ainsi, d’où vient l’extrait de Saturne ? Où a-t-il été acheté ? Sous quel prétexte ? Ou bien à qui appartenait-il ? Pourquoi la personne à qui il a été soustrait ne se nomme-t-elle pas ?

Croyez-moi Jacques, le nœud de l’affaire est là, rien que là. Voyez comme nous arriverions vite au but et à la coupable, si nous pouvions faire insérer dans les journaux, comme le font nos voisins d’outre-mer, cette phrase-ci, par exemple :

« Une récompense de 12,500 livres est promise à qui fera connaître la personne qui a acheté ou vendu l’acétate de plomb qui a causé la mort de M. de Sauvetat. »

Nous sommes assez riches tous deux pour doubler la somme s’il le fallait, n’est-ce pas ?

— Certes.

— Vous verriez, après cela, comme il nous arriverait de tous côtés des renseignements ! Et celui que nous cherchons y serait à coup sûr. Mais ici que tenter ? Rien.

Chez madame de Sauvetat, il n’y a pas de motif de haine ou de vengeance contre son mari. Les calomnies mêmes dont on enveloppe Marianne ne sont pas un prétexte d’amertume pour elle, car elle affecte de n’y pas croire, et s’indigne lorsqu’on les articule.

— Elle finira bien par se trahir quelque jour, tôt ou tard.

— Non, n’y comptez pas : elle est invulnérable. Je l’ai attaquée à l’improviste, et de toutes façons ; elle n’a jamais sourcillé.

— Mais enfin vous êtes bien convaincu comme moi que c’est elle, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Ainsi, grâce à son hypocrisie, cette misérable est parvenue à s’attirer les sympathies de tout le monde,