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Que s’était-il passé ?… Nul ne le savait ; on n’avait pas entendu une parole, et pas un membre de la famille n’avait de confidents.

Les Roqueberrois, irrités de ce mystère, se dédommageaient de leur ignorance par les suppositions les plus malveillantes édictées sur le grand seigneur trop discret et sa pupille trop belle.



IV

JACQUES ET MARIANNE


Peu de temps après, cependant, un événement inattendu vint donner un semblant de vérité aux bruits injurieux qui s’accréditaient en ville, et un nouvel aliment à l’activité des langues gasconnes, les plus déliées du monde entier.

Ce fut la rupture subite d’un mariage depuis longtemps arrêté, et qui, sous tous les rapports, eût dû satisfaire les plus ambitieuses.

L’oncle de Lucien, en effet, Urbain Descat, était mort laissant un fils de treize ou quatorze ans, qui se trouva alors tout à fait orphelin, car sa naissance avait coûté la vie à sa mère.

M. de Sauvetat, le plus proche parent et le tuteur légal de son cousin, le recueillit chez lui, et le garda plusieurs années dans sa maison, avant de l’envoyer faire son droit à Paris.

Jacques, déjà mûri par le malheur, solidement trempé, du reste, pour toutes les luttes de la vie, avait à dix-huit ans, une intelligence remarquablement