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C’étaient les peaux de bêtes, les tentures de la kasbah du désert, les bijoux favoris de Chériffa, enfin la guzla sur laquelle autrefois elle avait chanté, au marchand arménien les mélodies des Beni-Muzza.

Ce jour-là, Lucien montra à madame d’Auvray et à Blanche les richesses de Marianne, représentées par des monnaies arabes et des pierres précieuses valant certainement plusieurs millions.

Enfin, dans un des coffres où elles étaient enfermées, se trouvait un manuscrit écrit en entier de la main du général de Sauvetat.

Celui-ci racontait son union avec Chériffa, et il reconnaissait positivement et loyalement Marianne pour sa fille.

À cet écrit avait été jointe une déclaration nouvelle faite quelques jours avant l’arrivée de Lucien en Afrique.

Le général disait :

— Si Dieu m’enlève de ce monde avant que j’aie pu confier cette enfant tant aimée à mon fils Lucien de Sauvetat, je la remettrai entre les mains d’un de mes vieux frères d’armes. Jusqu’ici j’ai dû par prudence et pour la conserver, cacher soigneusement son existence aux yeux de tous ; aujourd’hui qu’il lui faut un protecteur et un soutien, mon silence deviendrait une lâcheté.

L’arrivée de Lucien avait permis au général de ne révéler son secret à aucune personne étrangère.

Madame d’Auvray s’attacha vivement à l’enfant qu’elle avait adoptée. Elle lui enseigna à diriger la maison, et lui donna les premières notions du rôle qu’elle lui destinait.

Atteinte depuis de longues années d’un mal profond, on aurait dit qu’elle n’attendait que l’établissement de