Page:Ninous - L Empoisonneuse.pdf/426

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Sa sœur ! allons donc ! fit Blanche en haussant les épaules, vous êtes habile ; c’est sans doute la fin de la comédie imaginée par vos complices.

Et, dédaigneuse, elle jeta un regard de défi à M. de Boutin.

— Oui, sa sœur, reprit Marianne d’une voix qui ne tremblait pas, et comme si elle eût laissé toutes ses émotions derrière elle. J’ai les preuves de ce que j’avance, Messieurs, ici même.

Mon père se nommait le général de Sauvetat ; ma mère était la fille unique du chef de la tribu arabe des Beni-Muzza. Madame Larroche le sait tout aussi bien que moi. En outre de la parole de son mari, elle a lu le manuscrit écrit en entier de la main de mon père, comme vous le lirez vous-même tout à l’heure.

Ah ! elle se croit forte, parce qu’elle espère que tout est anéanti, perdu, oublié. Un jour, elle n’a plus entendu parler de ce manuscrit, mon plus précieux héritage ; elle n’a plus vu la reconnaissance du général, et elle a cru tout cela détruit. Dans les papiers du mort elle avait cherché avant vous, Messieurs, et elle se croyait invulnérable ; car il n’y avait aucune preuve de notre proche parenté.

Elle ne pensait pas possible qu’une trépassée sortît de sa tombe pour venger ceux qu’elle a tués.

Mais, avant de vous montrer ces documents, témoins irrécusables de mon honneur, j’ai un devoir à remplir.

Je dois, moi, l’ancienne accusée, moi qui me suis tue, qui ai tout foulé aux pieds, ma vie, mon bonheur, mon amour, pour conserver un nom pur à l’enfant que j’avais vu naître, moi la condamnée, aujourd’hui la vengeresse de Marguerite et de mon frère, je dois vous apprendre tous les détails de la mort de M. de Sauvetat. Écoutez-moi.