Page:Ninous - L Empoisonneuse.pdf/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vous ne retrouviez pas dans le cadavre de M. de Sauvetat, la cause morbide annoncée par M. Delorme.

M. Despax et M. Gaste donnèrent la parole que leur demandait le juge. M. de Boutin serra leurs mains.

— Merci, dit-il sur le seuil de la porte, je compte sur vous.



VII

JUGE ET PROCUREUR


M. Drieux était, non pas l’homme de son état et l’incarnation vivante de la loi, comme il en avait la prétention très peu déguisée du reste, mais bien la caricature de l’un et l’exagération intolérable de l’autre.

Grand, maigre, anguleux, blême comme un suaire, roide comme une barre de fer, lorsqu’il marchait on aurait dit que le moindre choc allait le faire tomber tout d’une pièce.

Il était prétentieux, ridicule et étudié. Il voyait peu de monde par exemple à Roqueberre, et comme il n’avait ni un ami, ni un confident, nul n’aurait pu dire quelles pensées creusaient une ride au milieu de son front haut et plat ; nul n’aurait pu expliquer certaines lueurs qui passaient dans ses yeux clairs de nuance indéfinissable.

Il vivait dans une grande maison délabrée, avec une vieille tante, aussi sèche que lui, mais ayant, de plus que son neveu, des dents d’une longueur démesurée et une dévotion plus démesurée encore.