Page:Ninous - L Empoisonneuse.pdf/89

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partements, et le large confortable de son intérieur en faisaient une des plus agréables habitations de Roqueberre.

— Madame ne reçoit pas, elle est très souffrante.

Telle fut la réponse du valet de chambre, lorsque M. Drieux demanda à être introduit auprès de madame de Sauvetat.

— Pauvre femme ! murmura le procureur.

Cependant il ne se découragea pas devant un obstacle de si mince valeur.

— C’est pour une affaire qui ne souffre aucun retard dit-il au domestique ; il faut que nous voyons madame sur-le-champ ; prévenez-la, voici nos cartes.

Bertrand, car c’était lui, s’inclina et monta un escalier qu’on apercevait au fond du vestibule.

Après une absence de quelques minutes il reparut :

— Madame fait prier ces messieurs de monter, dit-il ; elle est à leur disposition. Seulement, madame me charge de l’excuser. Elle est tellement souffrante, qu’il lui est impossible de quitter sa chambre.

Les deux magistrats s’inclinèrent et suivirent le vieux serviteur vers le haut de la maison.

Tout au bout d’un long corridor, les deux battants d’une porte s’ouvrirent devant eux.

Les draperies de la fenêtre étaient largement relevées. Malgré l’heure avancée et la saison d’hiver, le jour entrait encore assez clair pour distinguer dans ses moindres détails la personne vers laquelle s’avançaient le juge et le procureur.

Blanche d’Auvray était seule.

Pelotonnée au coin de la cheminée, avec cette grâce extrême que la nature donne seulement aux femmes plus petites que les autres, elle attendait les visiteurs