Page:Niox - La guerre de 1870, simple récit.djvu/142

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Les batteries jetaient, chaque jour, 200 à 300 obus sur la ville[1]. Paris supporta avec la plus grande fermeté et même avec une certaine insouciance ce bombardement, qui dura, presque sans interruption, pendant vingt-trois jours. Quelques familles s’installèrent dans les caves. Beaucoup d’autres ne changèrent rien à leurs habitudes. L’effet moral fut nul.

Mais les vivres s’épuisaient. La ration était réduite, pour les habitants, à 300 grammes de pain de siège[2] et à 30 grammes de viande de cheval.


Cependant, une partie de la garde nationale demandait à faire une sortie. Beaucoup d’hommes de cœur n’avaient pas vu le feu, ni combattu l’ennemi en face ; il leur semblait qu’il restait quelque chose à faire pour remplir tout leur devoir vis-à-vis de la Patrie. Ils n’avaient guère l’espoir de vaincre, mais, avant de succomber, ils voulaient livrer un dernier combat. C’est ainsi que le soldat blessé sur le champ de bataille tire sa dernière balle avant de mourir.

Le général Trochu se résigna à donner les ordres pour une grande sortie dans la direction de Buzenval, sans d’ailleurs se faire aucune illusion sur le résultat possible.


Bataille de Montretout-Buzenval (19 janvier). — Dans la nuit du 18 au 19 janvier, 90 000 hommes se massèrent au pied du Mont-Valérien, en trois colonnes, chacune comprenant des gardes nationaux, des mobiles et des troupes de ligne ; le général Vinoy commandait l’aile gauche ; le général de Bellemare, le centre ; le général Ducrot, la droite.

  1. Du 5 au 26 janvier 3 700 projectiles tombèrent dans Paris. Environ 400 personnes furent atteintes. C’était, en définitive, fort peu sur une population de plus de deux millions d’âmes. Les dégâts furent relativement peu importants.
  2. Le pain de siège était fabriqué avec du blé mélangé de riz et d’autres grains. ⁁Note manuscrite: (et pas mal de paille, surtout : c’était une horrible saleté). Cependant on ne manqua jamais de vin, la récolte de l’année ayant été abondante et excellente.