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Destruction du pont de Fontenoy-sur-Moselle (22 janvier). — Au commencement de décembre, un camp d’instruction avait été créé près de Lamarche, à cinquante kilomètres au nord de Langres. Autour d’un noyau de troupes régulières, dont les éléments provenaient de soldats évadés des prisons de l’ennemi, se groupèrent des forestiers, des volontaires alsaciens et lorrains.

Ces partisans eurent avec l’ennemi plusieurs escarmouches heureuses, qui éprouvèrent leur solidité. Des officiers énergiques formèrent alors le projet de faire sauter un pont de chemin de fer sur la ligne de Strasbourg à Paris, principale ligne de ravitaillement du corps de siège de Paris, et le capitaine Coumès reconnut lui-même soigneusement l’itinéraire à suivre pour traverser les lignes des postes allemands.

250 hommes déterminés, sous les ordres du commandant Bernard, partirent le 18 janvier au soir, par un froid de 21° au-dessous de zéro. Ils marchaient la nuit et se reposaient le jour, dans des fermes isolées.

Dans la nuit du 21 au 22 janvier, ils traversèrent la Moselle, près du village de Fontenoy, entre Toul et Nancy. Ils surprirent le poste de la gare, et découvrirent la chambre de mine qui était ménagée dans une pile du pont.

À sept heures du matin, le pont sautait et la petite troupe s’éloignait avec sept prisonniers sans avoir perdu un seul homme.


Ce coup de main exaspéra les Allemands ; ils brûlèrent le village de Fontenoy, dont les malheureux habitants n’avaient eu connaissance de rien ; ils imposèrent à la Lorraine une contribution de dix millions de francs. Ils prirent des otages et les forcèrent de monter sur les locomotives, pour empêcher les partisans de faire dérailler les trains. Ils réquisitionnèrent des ouvriers dans les chantiers de Nancy, menaçant de fusiller les surveillants s’il ne s’en présentait pas, etc. Leurs violences dépassèrent toute mesure.