Page:Niox - La guerre de 1870, simple récit.djvu/71

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Le maréchal fut déclaré coupable :

D’avoir capitulé en rase campagne ;

D’avoir traité avec l’ennemi sans avoir fait préalablement tout ce que lui prescrivaient le devoir et l’honneur ;

D’avoir rendu la place de Metz sans avoir épuisé tous les moyens de défense.

Il fut condamné à la peine de mort avec dégradation militaire (10 décembre 1873).


Cette condamnation était inévitable, le code de justice militaire n’admettant aucune circonstance atténuante pour un crime contre le devoir militaire ; mais le conseil de guerre, après avoir rendu la sentence, adressa aussitôt une lettre au président de la République, qui était alors le maréchal de Mac-Mahon. Il rappela la bravoure que le maréchal avait montrée au feu dans les batailles de Metz, l’éclat de ses services passés, ses campagnes, ses blessures, et il demanda que, usant de son droit de grâce, le président de la République ne laissât pas exécuter la sentence.

Le maréchal de Mac-Mahon commua la peine en vingt années de détention.

Le maréchal Bazaine fut interné à l’île Sainte-Marguerite, près de Cannes ; il s’en évada, au mois d’août 1874 et se réfugia en Espagne, où il mourut, en 1888, dans la misère et l’abandon.

L’ancien commandant de l’Armée de Metz a durement expié l’oubli de ses devoirs de soldat, et sa mémoire reste chargée non seulement du poids de ses fautes personnelles, mais encore des injustes ressentiments d’un peuple trop disposé à excuser ses propres faiblesses et à expliquer par la trahison les malheurs dont il a été accablé.