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avec une assez grande régularité, par un grand froid auquel succéda la pluie.

Les troupes étaient très fatiguées et laissaient beaucoup de traînards qui tombaient aux mains de l’ennemi.

Le 14 et le 15 décembre, l’armée fit vigoureusement tête à Fréteval et à Vendôme.


La retraite continua dans la direction du Mans. Les misères étaient grandes. Il pleuvait sans cesse ; le froid était toujours rigoureux. Des bataillons entiers se débandaient ; les hommes se dispersaient dans les fermes et dans les villages pour chercher à se réchauffer et à manger. Cependant les troupes continuaient à camper sous les petites tentes. Telle était la force des habitudes ! Des cohues d’isolés couvraient les chemins. Les uns traînaient derrière les colonnes ; les autres, au contraire, les précédaient, se hâtant pour arriver plus vite au Mans, où ils espéraient trouver quelque repos.

Chaque jour, jusqu’à la nuit et parfois pendant la nuit, le canon se faisait entendre d’un côté ou de l’autre ; c’étaient des combats de détail sans solution, et l’énervement en augmentait. Pour arrêter cette désorganisation, des mesures de répression fort sévères furent ordonnées, mais elles restèrent insuffisantes.


« Il faut rendre pleine justice, a écrit un historien allemand, aux hommes qui, même dans une telle situation, ne perdirent pas courage et s’obstinèrent à continuer la lutte au milieu de circonstances si difficiles. » Le général Chanzy fit, en effet, preuve d’une force d’âme peu commune[1].

Le 29 décembre, l’armée arriva aux environs du Mans. Le plan du général Chanzy était de s’y arrêter, de s’y

  1. Aussi, malgré les revers que subit l’armée française aux environs du Mans, le pays a honoré son courage en élevant un monument au général Chanzy sur une des places de la ville.