Page:Noël - Fin de vie (notes et souvenirs).djvu/149

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Saint-Hilaire, c’est-à-dire n’ayant pas encore sept ans, une grosse verrue me poussa sur la main. Souvent je l’attrapais en jouant et demandais qu’on m’en débarrassât. La boulangère d’en face, une belle femme pleine de vie et dont les grands yeux noirs, sous un avenant bonnet de paysanne, semblaient lancer la flamme, me dit un jour :

— Attends, je vais te guérir !

Elle me prit la main, appliqua sur le bobo l’intérieur cotonneux d’une gousse de grosse fève, et comme c’était le soir, on me coucha. Le lendemain, au réveil, je trouvai la verrue dans le lit et ma main parfaitement intacte.

Dumesnil m’envoie quelques extraits des leçons de M. Metchnikof, chef de service à l’Institut Pasteur, sur la pathologie comparée de l’inflammation.

Je ne suis pas sûr d’avoir bien compris, n’ayant point assez les connaissances techniques ; mais, compris ou non, le livre me paraît d’intérêt capital ; je suis d’ailleurs de ceux qui aimeraient savoir notre organisme bien ordonné. L’aphorisme d’Hippocrate (est-il d’Hippocrate ?), natura medicatrix, me restait présent devant cette lecture.

Grande joie. Je n’en dormais pas cette nuit — moi qui dors toujours si bien — à me persuader une