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Page:Noël - Fin de vie (notes et souvenirs).djvu/17

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Pauvre homme ! Le monde te paraîtrait moins vide si tu le regardais aux bons endroits, surtout si tu ne le regardais pas du fond de ton vide à toi-même et du fond de ta vieillesse qui te vieillit tout.

Jamais il n’y eut plus de vie, plus de travail fécond, plus de lumière. La science, qui de jour en jour s’étend, s’approfondit, circule, se propage, aurait-elle, pour toi, perdu de sa beauté ?

La pluie a cessé un instant, le soleil a reparu. Profites-en pour t’assurer que la nature conserve, toujours jeune, des énergies vitales.

Tu n’as peut-être plus l’oreille assez fine pour entendre le chant des oiseaux, le bruissement du feuillage, le bourdonnement des insectes, le murmure des ruisseaux. Sois du moins persuadé que l’éternel concert ne s’est pas arrêté.

Toi, tu t’éteins, mais le monde ne fut jamais plus jeune, plus éveillé, plus fort, plus disposé aux élans fraternels. Jamais autant de choses grandes ne s’y sont accomplies.

Cette grandeur présente du monde, tous l’ont sentie ; les Gouvernements monarchiques eux-mêmes ont été retenus par ce sentiment, alors que par tant d’intérêt et d’intéressés ils étaient poussés à des guerres monstrueuses. Les classes populaires pourraient tout briser ; elles hésitent, s’arrêtent…