Page:Noël - Fin de vie (notes et souvenirs).djvu/28

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les cris et le défilé incessant de tous ces malades et la sensation en lui d’une faculté quasi-divine !

Ah ! que l’homme est éloigné encore de savoir ce qu’il est, ce qu’il vaut, ce qu’il peut !

Il y a quarante-huit ans tout juste, mon père, ma mère et moi nous quittions la ville avec notre vieux cheval, nos ouvriers, nos chats, tout notre personnel, pour aller nous établir au Tot, pays des grands-parents maternels. Nous y trouvâmes, entre autres vieux paysans, le cousin Nicolas Thirel, dont la naïveté, la crédulité bébête firent notre amusement. Nous n’en pouvions revenir : il croyait au mauvais œil, aux maléfices, aux maladies transmises par la volonté méchante de Jacques ou de Guillaume, non-seulement aux hommes mais aux animaux. C’était d’ailleurs un bonhomme laborieux, quoique jamais pressé, assez finaud, mais bon et secourable ; nous l’estimions, mais nous nous en donnions à cœur joie de ses superstitions.

Eh bien ! les naïvetés du cousin Thirel nous reviennent aujourd’hui de l’Académie des Sciences, des Facultés de Médecine, expérimentées et justifiées.

Les maladies, les mauvaises influences, voilà que dans les hôpitaux on les transmet d’un sujet à l’autre. Bientôt on les expédiera par la poste ou par le télé-