Page:Noël - Fin de vie (notes et souvenirs).djvu/84

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je partageais ses sévérités à l’endroit de Jean-Jacques ; j’aimais également ce qu’il dit de l’insuffisance des socialistes actuels empêtrés de moyen-âge, de scolastique, de théologie…

Si j’étais plus jeune, j’aimerais à me faire une histoire de tout ce que les conservateurs ont conservé depuis soixante ans ; mais ne vaut-il pas mieux à mon âge retourner à ses petites affaires personnelles, à ses souvenirs propres, à ce qu’on a pu recueillir sur les siens et sur soi-même ?

Paul, dernièrement, me demandait de lui donner quelques notes sur nos ascendants paternels et maternels. Ce que j’en sais ne remonte pas haut.

De nos grands-pères paternels et maternels, j’ai consigné dans la Campagne tout ce que j’en ai pu apprendre. J’ai cité, sans y changer une syllabe, leurs contrats de mariage. J’en ai usé avec la même exactitude pour le bail de mon grand-père Jacques Doury. Je ne vois de ce côté-là que cultivateurs, petits propriétaires au Tot. Mon père, fils et petit-fils de bouchers cauchois (je l’ai dit dans la Campagne), était venu s’établir à Rouen, en juillet 1809, n’ayant alors que vingt-trois ans ; il y exerça d’abord la profession de tisserand, puis celle de petit fabricant de rouenneries. Conscrit de 1806, il avait été réformé