Page:Noa noa - 1901.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
104
NOA NOA

Ce n’était maintenant dans le mort titanique
Que l’unique rumeur pathétique et panique
Du million de cris des monstres dont ses flancs
Se peuplèrent et qui dardaient leurs yeux sanglants,
Avec des plaintes et des menaces rugies,
À l’entaille toujours par la hache élargie.

Cris rauques de la haine, aigres cris de la peur :

     Malheur ! Meure le profanateur !
     C’est ici notre empire et la Nuit.
     Arrière ! Nous sommes ce qu’on fuit,
     Les vers nourris de sang corrompu,
     Gorgés toujours et jamais repus,
     Les désirs rampants au fond des cœurs,
     Tout ce qu’on cache et tout ce qu’on fuit,
     Les larves obscènes de la Nuit,
     Toute la Haine et toute la Peur,
     Tout ce qu’on fuit et tout ce qu’on cache !
     Arrière ! Arrière ! Épargne l’horreur
     Du soleil aux larves de la Nuit !
     Crains-nous, la Haine ! Crains-nous, la Peur !
     Malheur ! Meure le profanateur !