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NOA NOA

Puis, en silence, on versa dans un gobelet de l’eau fraiche, dont nous bûmes tous à la ronde, gravement, comme s’il se fût agi de quelque rite d’une religion familiale.

Après quoi, celle que ma fiancée venait de désigner comme sa mère me dit, le regard ému, les paupières humides :

— Tu es bon ?

Je répondis, non sans trouble, après avoir fait mon examen de conscience :

— Je l’espère.

— Tu rendras ma fille heureuse ? — Oui. — Dans huit jours, qu’elle revienne. Si elle n’est pas heureuse, elle te quittera.

Je consentis du geste. Le silence se fit. Il semblait que personne n’osât le rompre.

Enfin nous sortîmes et, de nouveau à cheval, je repartis, toujours suivi de mon escorte.

Chemin faisant, nous rencontrâmes plusieurs personnes qui connaissaient max nouvelle famille. Elles étaient déjà informées de l’événement, et, en saluant la jeune fille, elles lui disaient :

— Eh ! quoi ? Tu est maintenant la vahiné d’un français ? Sois heureuse.