Page:Noa noa - 1901.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
182
NOA NOA

Cela apparait clairement dans inquiétant dialogue — plus haut cité — d’Hina et de Têfatou.

De pareils textes offriraient une belle matière aux exégètes, s’il s’en trouvait pour commenter la Bible océanienne. Ils y verraient d’abord les principes d’une religion fondée sur l’adoration des forces de la nature, — trait commun à toutes les religions primitives. La plupart des dieux maories sont, en effet, les personnifications des divers éléments. Mais des regards attentifs — et que ne distrairait pas, que ne dépraverait pas le désir de démontrer la supériorité de notre philosophie sur celle de ces « peuplades », ne tarderaient pas à découvrir en de telles légendes des traits intéressants et singuliers.

J’en veux signaler deux — et je me contenterai de les indiquer. Aux savants appartient le soin de vérifier ces hypothèses.

C’est, avant tout, la netteté avec laquelle se désignent et se distinguent les deux seuls et universels principes de la vie, pour ensuite se résoudre en une suprême unité. L’un, âme et intelligence, Taaroa, est le mâle ; l’autre, en quelque sorte la matière et le corps du même Dieu, est la femelle ; c’est Hina. À elle va tout l’amour des hommes, à lui leur respect. — Hina n’est pas le nom de la lune seulement : il y a aussi Hina-de-l’air, Hina-de-la-mer, Hina-de-l’intérieur ; mais ces deux syllabes ne caractérisent que les parties inférieures de la matière. Le soleil