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NOA NOA

divisa en autant de parts égales qu’il y avait eu de personnes — hommes, femmes, enfants, — pour concourir à la pêche aux thons et à la pêche aux petits poissons-amorces.

Cela fit trente-sept parts.

Sans perdre de temps, ma vahiné prit la hache, fendit le bois, alluma le feu, tandis que je faisais un peu de toilette et que je me couvrais à cause de la fraîcheur de la nuit.

De nos deux parts, l’une fut cuite, et Téhura garda la sienne crue.

Puis elle m’interrogea longuement sur les divers incidents de la pêche et je satisfis avec complaisance sa curiosité. Elle s’égayait de tout, contente et naïve, et je l’observais sans rien lui laisser voir de mes secrètes préoccupations. Au fond de moi, une inquiétude sans plausible causes s’était éveillée et ne voulait plus dormir. Je brûlais de faire à Téhura une question, une certaine question… et j’avais beau me dire : À quoi bon ? je me répondais à moi-même : Qui sait ?