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Page:Noailles - Épisodes de la guerre de Trente ans. Le maréchal de Guébriant, 1913.djvu/455

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la maréchale de guébriant durant son veuvage

laire aire d’un bénéfice ecclésiastique, et qui, de ce fait, ne pouvait contracter mariage, fut cependant le héros d’un petit roman. Les choses semblent avoir été fort loin ; Courvaudon demanda-t-il une dispense à l’archevêque de Rouen et épousa-t-il Renée Budes en secret, ou bien la maréchale intervint-elle à temps pour empêcher cette union ? Cette dernière hypothèse est probable, car, ayant obtenu une lettre de cachet, elle fit saisir et mener sa nièce à Paris. Mme de Guébriant s’occupa dès lors de la marier à son neveu, le comte de Moret, qui était un brillant parti ; mais Mlle de Sacey refusa, craignant de tomber ainsi sous la coupe de sa tante ; c’eût été cependant le moyen de satisfaire ses goûts et son caractère ambitieux. Elle préféra vivre entourée de personnes d’un rang moindre que le sien, trouvant un certain plaisir à exercer une supériorité sur elles. Un jour cependant, Sébastien de Rosmadec, marquis de Molac, d’une des meilleures familles de Bretagne, s’étant présenté, le mariage fut promptement décidé.

Rosmadec devint le tuteur de son beau-frère, Charles de Sacey, atteint d’aliénation mentale, se chargea d’administrer ses biens et s’en tira fort mal. En 1678, la marquise de Rosmadec recueillait la succession de ce frère : Sacey, le Plessis-Budes, le Hirel, le Guébriant et diverses autres terres. Gouverneur de Nantes et lieutenant général du Roi en Bretagne, Rosmadec vivait habituellement à Nantes avec sa femme ; on y voit encore le bel hôtel qu’ils y firent construire. Ils eurent deux fils et plusieurs filles, et, s’il faut en croire un mémoire du temps, celles-ci ne jouirent pas chez leurs parents d’une existence parfaitement heureuse. Toutes furent jetées au couvent. Quatre d’entre elles acceptèrent, bien à contre cœur, une condition qui leur était impitoyablement imposée ; l’une même, devenue supérieure de sa communauté, la gouverna très sagement. Une cinquième sœur, moins facile que les autres, « furieuse d’être enfermée pour toute sa vie », pensa que, le feu détruisant le monastère, on renverrait les religieuses jusqu’à sa reconstruction. Aussi, deux ou