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Page:Noailles - Épisodes de la guerre de Trente ans. Le maréchal de Guébriant, 1913.djvu/457

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la maréchale de guébriant durant son veuvage

laisser entendre que le parti lui convient et lui adresse involontairement des paroles si désobligeantes qu’il se retire mécontent. Anne-Marie, prise de désespoir, trouvant elle-même le fait incompréhensible, obtient de lui une autre entrevue, bien décidée à accorder sa main ; une seconde fois elle lui parle malhonnêtement. Dans son entourage, on s’étonne cependant qu’elle ne contracte pas mariage. Ses oncles accusent même Mme du Tertre-Jouan, sa mère, de négligence ou de mauvaise volonté, et cherchent pour elle une alliance convenable. Avec empressement, Anne-Marie accepte une idée qui lui sourit ; l’affaire marche à souhait ; on se voit, on se plait. Une dernière entrevue a lieu dans le parloir d’un couvent. Aussitôt que son fiancé apparaît, Anne-Marie pousse un cri de douleur, porte la main à sa poitrine, devient blême et tombe. « C’est fini, dit-elle, j’ai reçu un coup mortel ! » Elle explique alors avoir vu un ange s’élancer du ciel et lui percer le cœur. Elle annonce qu’elle va mourir ; les médecins ne savent que diagnostiquer. Au bout de trois jours, elle meurt en effet après avoir jeté, de concert avec sa mère, les bases d’une fondation sous la dénomination des Dames-Budes. C’était en 1674. Cet ordre existe encore à Rennes, et le tombeau d’Anne-Marie y est vénéré tout particulièrement[1].


Relatons maintenant les principaux incidents de la célèbre mission diplomatique qu’eût à remplir la maréchale de Guébriant en 1645, lorsqu’elle conduisit à Varsovie la princesse Marie de Gonzague, appelée au trône de Pologne.

Nous la verrons, quelques années plus tard, chargée, grâce à son extrême savoir-faire, d’une autre mission non moins délicate à Brisach.

  1. Arch. du comte de Guébriant.