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Page:Noailles - Épisodes de la guerre de Trente ans. Le maréchal de Guébriant, 1913.djvu/467

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la maréchale de guébriant durant son veuvage

son père et de son frère, Henri se démit de ses charges ecclésiastiques, et s’intitula duc de Guise. Entrant en lutte avec Richelieu, qui contrecarrait ses projets, il embrassa avec ardeur le parti du comte de Soissons. Condamné à mort, il fut dépouillé de ses biens, en 1641. Anne, retirée à Nevers, lui restait fidèle pendant sa disgrâce ; le duc lui faisait rendre visite. Entre eux s’échangeait une correspondance intime, suivie d’abord, puis, de plus en plus espacée. La princesse trouva peu à peu moins d’échos à ses marques d’affection. Sans scrupule, Guise s’était marié une seconde fois, après quelques mois de séjour à Bruxelles, avec Honorée de Berghes, veuve d’Albert de Henin, comte de Bossu.

À cette nouvelle, Anne de Gonzague, qui se faisait appeler la duchesse de Guise, partit en quête de la réalité du fait, sous un déguisement d’homme, et parvint dans les Flandres espagnoles après avoir couru mille dangers. Apprenant alors la vérité, elle revint à Paris ; désespérée tout d’abord, mais bien vite calmée, elle reprit son nom de princesse Anne. La seconde duchesse de Guise subit toutes les désillusions de la vie conjugale et fut ruinée par son mari, être fastueux et avide de plaisirs qui, sous de brillants dehors, incarnait tous les vices. Dès la Régence en 1643, Guise revint à la Cour, obtint l’entier pardon de son crime de rébellion qui l’avait fait condamner à mort et pendre en effigie ; mais il n’en devint que plus fat et plus antipathique à tous.

Contre le gré d’Anne d’Autriche, qui trouvait le nombre des princes dépossédés réfugiés en France assez considérable déjà, et contre l’avis des siens, la princesse Anne épousa le palatin du Rhin, Édouard, « fort gueux et jaloux », selon les Mémoires de Mademoiselle de Montpensier. Il était petit-fils du roi Jacques Ier d’Angleterre, et quatrième fils de l’électeur palatin Frédéric, connu sous le nom de Roi de Bohême. « Peu attachée à son époux, s’il faut en croire les Mémoires du comte de Brienne, liée intimement avec Madame de Longueville, qui avait la même froideur pour le sien, notre princesse faisait de la galanterie un res-