Aller au contenu

Page:Noailles - Derniers vers, 1933.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LE SOMMEIL M’ENVAHIT…


Le sommeil m’envahit, je suis lucide encor.
La torpeur, dans ma main, descend comme une rose.
Je palpe, ainsi qu’un roi qui tient un globe d’or,
Le monde inférieur sur qui je me repose.

Mon esprit soulevé dédaigne ce qui fut.
Nul souvenir du jour, plus de mémoire amère ;
Magnanime oiseleur délaissant ses affûts,
Le temps m’accorde un pur mépris de l’éphémère !

Augustes sentiments au rebut : gloire, amour,
Combat de tout instant pour trouver dans les hommes
L’enchantement secret, cet étrange secours
Qui menace, accomplit, détruit ce que nous sommes,