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Page:Noailles - Derniers vers, 1933.djvu/58

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N’as-tu jamais connu le désordre et les maux
Du désir, cris d’oiseaux et lancinantes ailes,
Quand le printemps furtif, sur les sombres rameaux,
Fait soudain crépiter ses vertes étincelles ?

Dans ton île pierreuse où le cyprès touffu
Semble un mât préparé pour déployer sa voile
Et voguer vers la vaine énigme des étoiles,
As-tu su demeurer la nymphe que tu fus ?

Ton agreste bonheur, près des purs asphodèles,
Des troupeaux turbulents et des flots aux beaux plis,
A-t-il pu te garder, Chloé, d’être infidèle,
Et de louer Éros au creux d’un nouveau lit ?

Qu’importe ! Rien ne peut arrêter ta jeunesse,
Ton regard ingénu que bombe un frais cristal ;
Tu reposes, pudique, ô gracile déesse !
Dans le constant azur d’un roman pastoral.