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Page:Noailles - Derniers vers, 1933.djvu/62

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— Ah ! pouvoir habiter vraiment ce paysage,
Pouvoir, quand tout nous nuit, poser sur le visage
Du nonchalant, maussade et constant univers,
Ce masque somptueux, bleu, violet et vert !


IV

Dans les joyaux touffus et animés du val,
Où le feuillage autant que le plumage ondule,
Est-ce l’aube intriguée ou le soir estival ?
Énigme du matin ou bien du crépuscule ?
On goûte le tranquille et sensuel bonheur
Que le silence épand au milieu des couleurs,
Dans l’arome qui sourd des moelleuses capsules.
— Et devant le secret du parfum pictural,
Je me souviens du cri de Gérard de Nerval,
Où l’on ne sait quel feu mystérieux circule :
« Rose au cœur violet, fleur de sainte Gudule ! »