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Page:Noailles - Derniers vers, 1933.djvu/90

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— Et vous, valses de Strauss, facilité de vivre,
Rose au calice rond, mobile et pur dessin,
Breuvage dont Musset et dont Heine étaient ivres,
Romanesque blancheur de l’épaule et du sein !
— Et puis, cette sournoise, âpre et stridente horde,
Que l’on croit mendiante et qui ruisselle d’or !
Fulgurante Russie, où, dans le jeu des cordes,
Pâques fait tressaillir son gigantesque effort !
— Je vous ai tous connus, sources, oiseaux, tonnerre,
Atomes infinis du sonore océan !
Musique : aile et parfum, balancement d’encens,
Vous enivrez les pas que capture la terre,
Vous sauvez ce qui gît, ce qui tombe et descend,
Vous qui créez des dieux où je vois le néant,
Et, répandant la haute et secrète lumière,
Allez joindre les morts comme un aigle son aire !