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Page:Noailles - Journal des prisons de mon père, de ma mère et des miennes.djvu/16

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les y accompagnai et fus leur unique société. Ils s’étaient imposé, par prudence, de ne recevoir personne. Cette privation ne coûtait rien à mon père, qui était naturellement sauvage, quoique les places qu’il avait occupées l’eussent forcé de vivre habituellement dans le plus grand monde. Ma mère, qui l’aimait beaucoup, s’était accoutumée à la solitude par soumission à la Providence, et par une disposition naturelle à vouloir être heureuse, qui l’avait suivie dans toutes les époques de sa vie.

Elle aimait l’ordre en toutes choses ; et elle en avait tellement mis dans toutes nos journées qu’elles s’écoulaient rapidement. La lecture, l’ouvrage, le jeu, la promenade en remplissaient tous les moments. Mes parents se plaisaient à soulager les moissonneurs dans leurs fatigants travaux, en compatissant à leurs peines et en les adoucissant par leurs bienfaits. Malgré la position où la Révolution plaçait mon père, et la