Page:Noailles - L’Ombre des jours, 1902.djvu/19

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Sur les corps las et rapprochés,
Sur la route, l’arbre et la mousse
Vos flots laiteux sont épanchés
Comme une eau d’argent sèche et douce
Qui baigne les cœurs écorchés,
Ô Lune jaune, grise et rousse
Tourment d’or des soleils couchés.
 
Fruit large et clair des vergers pâles ;
Fruit empli d’air, de sucre et d’eau,
Lune d’étain, d’ambre et d’opale,
Que fais-tu du rêve si beau
Que te donnent dans la rafale
Les pauvres âmes, blanc troupeau
De désirs, d’amour et de râle.
 
Comme il fait sombre dans le bois,
On ne voit plus la terre brune,
On entend le gazon qui boit
Les sources qui pleurent chacune…