Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/20

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des promenades sur les places et aux jardins d’une petite ville du Wurtemberg, et de l’infidélité du jeune homme, qui avait abandonné sa fiancée mourante de chagrin et désormais pleine de mémoire.

Cette demoiselle lui paraissait toute légendaire et rayonnante de cet amour.

L’estime en laquelle sa gouvernante se tenait elle-même, eu égard à son aventure, faisait comprendre à Sabine que les élans et les revers de la passion font l’emploi, l’orgueil et la dignité de la destinée.

Elle vécut en dévote de l’ardeur, n’apercevant en ses études que les places brûlantes de l’histoire, les minutes passionnées des visages. Elle rêvait d’Héloïse, de Jeanne d’Arc dont elle inventait un trouble sentimental à la rencontre du roi Charles ; et sur ses cartes de géographie elle s’attardait à imaginer les contours blancs des villes voluptueuses comme Messine, et la mer d’Azow pleine de courants d’eau douce…

La flamme chez cette enfant montait des profondeurs du sang, gagnait le cerveau, faisait sur la pensée, sur la raison, danser son rouge incendie. Nulle réserve et nul jugement en cet esprit