Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/46

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il ne sort presque pas et on ne va pas le déranger. Henri ne le voit pas tous les ans.

— Mais il est quoi ? reprit Sabine, chimiste, philosophe, mathématicien ?

— Tout cela, dit Marie. Il fait des livres et des cours, et un peu de sculpture aussi, je crois. Il est plus âgé qu’Henri ; ils se sont rencontrés, autrefois, au Comité d’une Société scientifique. Philippe Forbier était déjà marié et avait des enfants. D’ailleurs, – prononça-t-elle d’une voix plus rapide, en revenant à leur première conversation, – si je ne me marie pas, c’est très bien aussi ; je ne suis pas du tout malheureuse ; faut-il vraiment se marier ? Faut-il aimer un homme et qu’il vous aime ?

— Mais c’est tout le désir, tout l’espoir, à ton âge, répondit Sabine en s’animant, et, quand il n’y a plus cela, quand vient la vieillesse, on s’en va de la vie lorsqu’on a du courage, parce que c’est fini…

Toutes deux se taisaient ; et puis elles causèrent encore de choses différentes.

Mais Sabine, alanguie, pensait en dedans de soi.

Elle pensait à son existence dolente et facile, à ses