Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/57

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à l’idée de Dieu, et les beaux couchers du soleil ou telle page de Chateaubriand lui semblaient propres à expliquer la création selon la Bible. Elle aimait sa fille et son fils, non point comme ses enfants, mais comme des gens avec qui elle avait vécu longtemps et dont l’existence lui était nécessaire.

Elle était pour sa belle-fille une hôtesse appliquée et cérémonieuse. En dehors des salutations et des empressements, elles ne tenaient presque pas compte l’une de l’autre.

Sabine se réveilla, au lendemain de son arrivée, dans une chambre rayée de lumière, tendue d’une perse d’un beau rose las baisé par le soleil. Une odeur de chanvre restait à la toile.

Elle regarda autour d’elle les meubles de la pièce, des meubles de bois châtain, lourds et ornés comme on en voit sur la scène dans les comédies de Molière. La vieille soie fleurie d’un de ces fauteuils avait encore l’éclat vif et dur d’une fête champêtre, elle évoquait le chapeau de la bergère, la cornemuse et le râteau.

On apporta à Sabine son déjeuner.