Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/81

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Jérôme Hérelle avait un goût délicat et féminin de l’époque de Louis XV, ronde et pleine de bouquets.

— Cela l’amusera de trouver ces bibelots nouveaux chez moi, quand il reviendra des Bruyères, pensait Sabine.

Depuis cinq jours qu’ils s’étaient quittés, elle avait reçu de lui une lettre longue, respectueuse et réservée, et une autre lettre courte, descriptive de la nature comme un paysage peint, et d’une sentimentalité d’angélus.

Elle se rappelait en souriant qu’à part ces lettres polies et des attentions répétées, il ne lui avait pas fait entendre qu’il l’aimait. « Le pauvre, soupirait-elle, il n’ose pas. »

Elle prévoyait un été de Paris, charmant, avec lui surpris et heureux de son amitié à elle, et ensuite les longues journées tranquilles, tous ensemble dans la propriété qu’Henri possédait en Dauphiné, et qu’ils habitaient de juillet jusqu’en novembre.

« La campagne lui va bien, » pensait-elle, en rappelant en sa mémoire l’allure et le visage de Jérôme, ses cheveux romantiques, ses yeux gris de bruine légère, froids et durs souvent, et