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LA DOMINATION

quelque cantique brûlant : c’est pourquoi je me résigne à un importun voisinage. »

Vers le milieu de mai, il quitta Paris, sa table de travail en désordre, son siège fastidieux au Palais Bourbon, son ami Martin Lenôtre ; dont il méprisait maintenant le doux éblouissement scientifique, et, ivre de liberté, de plaisir, il s’en fut en Italie.

Après la France lumineuse et boisée, il vit venir l’ardente Italie, sa vibration de soleil et d’azur qui fait dans l’air un chant d’opéra, ses toits plats, ses collines en pente qui portent des citrons et des rosiers jusqu’à la mer.

— Ah ! s’écriait Antoine, douce Europe ! Que n’êtes-vous la nymphe Europe, afin que je vous étreigne et vous garde contre mon cœur !

Sur le quai de la gare de Padoue, il reconnut cette odeur de bouquets, d’air léger,