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LA DOMINATION

pas là ; vous épiez sa vie ; vous êtes comme une servante humble et amoureuse… »

Antoine ouvrit la seconde lettre. Il ne crut pas bien lire, tant la surprise était forte ! Il allait de l’adresse à la signature sans parcourir le texte ; cela déjà suffisait. L’homme le plus illustre de son pays, le plus grand écrivain avait tracé ces mots ! Et lorsqu’il vit que, dans la lettre, à de sympathiques éloges pour son livre se joignait une invitation à venir voir à la campagne, chez lui, le grand homme, Antoine défaillit comme si l’aurore était entrée dans son cœur.

Les mille mouvements qu’il ne faisait pas l’étouffaient. Il eût voulu bondir ou s’anéantir, et, retrouvant par hasard sous sa main la lettre de madame Maille, il l’éloigna.

Sa maîtresse ne lui apparaissait plus que comme une victime étrangère, comme une petite forme humaine qui s’en va de son