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LA DOMINATION

d’eau jaillie du sable, et lui baigne les tempes ; elle dit avec irritation : « Pas ainsi, » et Antoine, plus doucement, passe ce mouchoir sur ce front.

Donna Marie, fûtes-vous jamais si impérieuse ? vous qui, dans vos jours de fatigue, pressiez doucement la main bienfaisante qui caressait vos cheveux.

Antoine Arnault emmène sa compagne exténuée en gondole, et puis chez lui, dans cette demeure, — il eût souhaité ne pas le faire ! — dans cette chambre où il a goûté les larmes de sa chère comtesse.

Là, elle se guérit, redevient vive et ménagère, refait les bouquets des vases, s’amuse, se rhabille, se déshabille, et, dans les bras d’Antoine, reprend son agonie enivrée, ses pâmoisons, ses syncopes voluptueuses.

Et puis elle s’en va gentiment, pleurant, riant, puérile, coquette, ayant retrouvé sa santé.