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LA DOMINATION

proches vacances, dans son cœur religieux bénissait des dieux inconnus.

Mais son compagnon songeait :

« Nuit, rameaux bruissants, Nature, vous n’êtes que dans ma pensée, je vous crée, je vous possède, mais, ô douleur ! je ne serai plus et vous serez ! Ô maîtresse éternelle ! qui ne veut pas mourir avec moi… »

De retour chez lui, Antoine Arnault, solitaire, sentait vaciller ses chances et sa vie. Il souffrait d’être le seul témoin de soi-même. Le silence et la nuit restreignaient sa faible unité.

Il savait qu’il ne dormirait pas ; il prit un livre, mais l’agitation de son cœur et l’indifférence de ses yeux l’empêchaient de lire.

Il tournait les pages, et voici, voici qu’une phrase plus brillante et plus dure se révèle et s’impose !

« César pleura lorsqu’il vit la statue d’Alexandre… »