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LA DOMINATION

Au loin, sur la pelouse, en dehors du jardin, Madeleine, avec des gestes de repos, était assise dans les longues herbes et les deux petites filles jouaient. De la fenêtre de la chambre, Antoine les voyait, surveillait leur retour.

Lorsque Antoine et Élisabeth se taisaient, ayant échangé leur cœur, il leur semblait, non que quelque chose du désir humain s’achevât mais qu’un délire commençât dont le secret et la science ne sont point trouvés, et ils frissonnaient d’au de la.

Quelquefois aussi Élisabeth éprouvait la solitude, la grande mélancolie, l’impatience des jeunes êtres, qui, brusquement désintéressés du présent, prévoient pour leur longue vie d’autres formes de l’aventure et du bonheur. Et d’autres fois tous deux se serraient l’un contre l’autre, mystérieusement affligés, réunis pour goûter la brève vie et l’éternelle mort, humbles, inquiets, comme