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LA DOMINATION

ment, il lui disait, vers le milieu de la journée « Je vais travailler. » Elle souriait et ne s’étonnait pas. Une fois, il lui dit « J’ai relu ces jours-ci tous les livres de votre père. » Elle parut plus touchée.

D’autres fois, il la taquinait, mais il n’était point habile à cela, car, dans la méfiance et l’essai, il avait l’esprit un peu rude et grossier, et il ne pouvait témoigner sa délicatesse que dans l’autorité et ce qu’il appelait en riant sa clémence.

D’ailleurs, ayant pendant quelques jours réfléchi au parti qu’il aurait pu tirer de l’amitié de cette jeune fille, il vit bien qu’il se contenterait de son indifférence.

« L’épouser, y pensais-je ? songeait-il à présent. Je suis à l’âge où l’on ne limite pas la vie ; le nom glorieux que porte en outre cette enfant m’eût par moments affligé… Décidément, je n’ai rien à faire d’elle », conclut-il.