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LA DOMINATION

nourrit dans une cage, m’attendrissent, parce qu’ils ne savent plus où est la chaleur et le bonheur ; et ils tremblent, et nous regardent. Et Rarahu aussi m’attendrit quand Loti nous dit d’elle que, brûlée de phtisie et de langueur, elle voulait « tous les marins, tous ceux qui étaient un peu beaux ». Douce animalité qui, cherchant le sens de la vie, ne trouve que le plaisir !… »

Lorsque Antoine Arnault s’était ainsi représenté les attitudes de son ami et son paisible bonheur, il songeait à sa propre enfance, à la petite ville où il était né ; à son père et à sa mère trop différents de lui ; à son adolescence délicate, envenimée de fièvres et d’insomnie, tandis qu’il faisait ses études au lycée de X… et que, blessant ses camarades par son dédain et son silence, il pleurait pourtant le soir de mélancolie, en évoquant le chant du pâtre dans la plaine… Être le maître, et le maître des plus forts