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LA DOMINATION

âme qui enveloppe une autre âme et qui lui dit : « Vivez, ma sœur… »

Il ne la touchait pas et restait éloigné d’elle. Elle, couchée de côté, regardait avec défiance, avec douleur, la longue nuit noire et brillante.

Elle poussa un soupir plus profond, éclata de nouveau en sanglots, appela le jeune homme, le regarda, prit sa main, et, de force, l’appuya sur son cœur.

Violent et chaste, ce jeune être innocent pensait que les caresses ne posent que sur l’âme ; il lui semblait qu’elle appuyait cette main sur son rêve, sur les hautes vagues de la douleur. Mais Antoine Arnault, voluptueux et curieux, les doigts glissant sur ce jeune sein, épiait, de son regard rapproché, les yeux qu’il voulait troubler ; — et la jeune fille s’arrêta de pleurer ; hostile, surprise comme un être qui entend, qui voit quelque chose qu’il ne savait point, elle tourna plu-