Page:Noailles - La domination, 1905.pdf/79

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
72
LA DOMINATION

Antoine les regarde passer. Ah ! comme elles sont douces !

« D’ailleurs, pense-t-il, leur ville pourvoit à la perfection de leur caractère. Le vent sans cesse les contrarie. Cette petite tempête des rues détourne leur patient visage, refoule leurs jupes entre leurs modestes genoux… Je les vois, sur le quai du Rosaire, butées, pliées, malmenées… Comment, sans cette douceur, le supporteraient-elles ?… »

Il les regardait, l’une là, l’autre là-bas, sèches, légères, dans la noire mante gonflée, emportées comme des feuilles.

Il songea.

« Quelles peines, quels soucis ont-elles donc pour avoir toutes, et à toute heure, cet air de se réfugier dans les églises ? »

Mais non, elles n’ont point de peine elles courent à l’église doucement. Tout les y porte, le vent, le poids de leur âme un peu